mercredi 3 mars 2010

S'adapter...

Je viens de terminer la lecture d'un ouvrage de Rébecca Shankland, maître de conférence en Psychologie à l'université de Grenoble.
Son livre "Pédagogies nouvelles et compétences psychosociales", permettra peut être de répondre à la question hyper fréquente que beaucoup de personnes se posent quant à l'adaptation au système dit "traditionnel" des enfants ayant suivi un parcours scolaire dans une école à pédagogie nouvelle ( Steiner, Montessori, Ecole Nouvelle).
Elle relate notamment les différences d'adaptation et de réussites des étudiants dans le système universitaire, selon les écoles qu'ils ont fréquentées.
Les résultats sont assez édifiants : non seulement les élèves ayant fréquenté des écoles à pédagogie nouvelle dès la maternelle et jusqu'à l'école primaire et au collège s'adaptent mieux, mais ont souvent de meilleurs résultats.
La période d'entrée à l'université est considérée comme la plus difficile à vivre de la vie étudiante.
Le constat qui est fait est celui que beaucoup de bacheliers provenant du système traditionnel éprouvent de nombreuses difficultés en devenant étudiant, tout d'abord dans le choix de leur cursus, beaucoup plus de choix faits par défaut, plus que par intérêt.
Les jeunes étudiants souffrent d'un manque d'autonomie, parce que trop habitués à recevoir des consignes précises, des délais à respecter. Le travail est effectué dans le but d'éviter une sanction ou mauvaise note, et trop peu par motivation ou intérêt pour le travail demandé. Ils souffrent d'un grand manque de visibilité au niveau de leur orientation professionnelle : au lycée, le fait de se focaliser sur le bac, qui devient une fin en soi, empêche d'investir ce qui arrivera ensuite.
Ces élèves ressentent également de grandes difficultés à s'exprimer oralement, manquent de méthode dans leur recherches, travail personnel, prise de notes, ont des problèmes pour synthétiser et repérer l'essentiel, ont beaucoup appris par coeur, par une transmission de savoirs de manière dogmatique, avec peu de choix et de liberté. Ce livre présente aussi le vécu difficile de nombreux étudiants à devoir quitter le milieu familial et donc à devenir autonome dans leur vie quotidienne.
Elle énonce comment, a contrario, les pédagogies nouvelles cherchent davantage à favoriser dès le plus jeune âge l'autonomie des élèves dans le travail et la vie quotidienne, à favoriser l'auto-éducation, le libre choix de l'activité, le plaisir d'apprendre, la créativité (surtout dans la pédagogie Steiner), la capacité à rechercher l'information utile, l'aide nécessaire, la confiance en soi, la coopération et l'entraide. Elle en montre aussi certaines limites.
Ses conclusions repoussent ainsi beaucoup de craintes ou critiques souvent non fondées à l'égard de ces pédagogies.

4 commentaires:

ELO °° a dit…

je vous suis depuis quelques temps avec beaucoup d'intérêt et de plaisir {je viens entre combler les lacunes de ma formation d'EJE en matière d'éducation nouvelle ...} ... en lisant ces lignes, j'ai tout de suite pensé à un ami qui est issu d'une fratrie de 4: les 4 sont allés jusqu'à la 2dne en école steiner ... sur les 4, 2 ont eu un parcours scolaire et universitaire excellent et les 2 autres n'ont jamais réussi à "s'adapter" au système dit "normal" et n'ont malheureusement pas connu le succès des 2 autres ... voilà ! bien à vous *

Aline a dit…

oui, c'est exactement le débat que l'on avait par ici, ce livre, en tant qu'étude, révèle des généralités...
http://the-world-of-the-children.blogspot.com/2010/02/fabrique-de-cigarettes-waldorf-astoria.html#comments
les enfants, comme les enseignants ont chacun leur spécificités, leur caractère, que toutes les mêmes méthodes ne seront pas appliquées de la même manière par les adultes, que les enfants d'un même groupe ne tireront pas les mêmes bénéfices...

Van et Nina a dit…

j'arrive via vintage for kids et je te remercie pour cette référence qui m'intéresse beaucoup! moi même enseignante à l'université sur le même campus que l'auteur j'essaye d'appliquer des méthode de la communication non violente avec mes étudiants je constate toute ces choses.

Aline a dit…

@ Van et Nina
Merci pour ton passage, ravie de voir que plein d'enseignants comme toi font évoluer la réflexion par leur attitude envers leursélèves :-)